2022 - Krowdrace, Meißen, D
On ne sait pas exactement à quel moment précis Rudi a été contaminé par la fièvre du Flat Track. Mais on a quelques pistes : sa première tentative de descendre d’une moto de manière contrôlée tout en roulant, s’est faite sur un ovale de terre battue au Dirt Quake britannique, au guidon d’un Shovelhead relativement peu coopératif. La troisième étape était pour Rudi une visite à la finale du Krowdrace en octobre. C’est au pire ici qu’il a chopé le virus.
Mais il ne peut pas y avoir de Flat Track sans pratt-pratt. Si bien que Rudi s’est remonté les manches pour se construire un Panhead rigide aux vitesses manuelles, avec un joli moteur Pan de série de 1953/54 dans un cadre Paughco, sans fioritures mais avec un sympathique silencieux mégaphone. Il a été tester sa bécane au mois de mars, puis s’est inscrit à son premier week-end du Krowdrace. Le plan initial était de tester la bécane sur la piste le vendredi, puis passer le samedi à profiter du spectacle.
On est donc partis le vendredi pour rejoindre la piste de Speedway de 400 m à Meissen. Depuis plus de 70 ans, leur devise est "Eat my dust".
Mais Rudi a directement fait valser
les pistons et a usé sa gomme sur l’ovale – dans la catégorie “Vintage True Gold”. Ce qui ressemble à un titre de musique pop bien kitsch des années 80, mais désigne une meute de brêles survitaminées pilotées par de téméraires gars bardés de cuir.
Participer aux sessions d’entraînement est une chose, mais rien de vaut de s’engager dans la vraie course. L’inscription tardive se passe sans encombre et l’inspection technique du vendredi après-midi devrait elle aussi être une formalité. C’est en tout cas ce qu’on croyait. Car ils voulaient un carter de chaîne et un casque intégral homologué selon les normes ECE. Fabriquer un tel carter était déjà une tâche ardue, mais bricoler les deux casques DOT de Rudi en un couvre-chef ECE n’allait résolument pas être possible.
Mais les gars qui risquent la peau de leurs fesses sur des tréteaux d’acier du siècle dernier se serrent les coudes. Un carter de chaîne a rapidement été fabriqué et en fouillant les différentes remoques, un casque aux normes a même été trouvé. Un grand merci aux sauveteurs !
Rudi le Rookie était donc prêt à courir. Après le débriefing des pilotes le samedi matin, en route pour un planning chargé d’octane. La matinée était réservée aux duels entre amateurs, tandis que l’après-midi était destinée aux pros. On avait donc intérêt à se lever tôt !
Il y avait trois runs par catégorie
et tout le but du jeu était de collecter des points contre les autres Flathead, Ironhead, modèles K (et un KR), pour se placer en grille de départ. Rudi était sur les places 2, 4 et 2 respectivement. Pas mal Rudi ! Et dans la finale, il a réussi à décrocher une troisième marche du podium ! Il a même gagné le prix spécial de la catégorie Handshifter.
Mais admirer les pros partir en glissade autour de la piste, était assurément le spectacle de l’après-midi. Celui qui se hissait sur la plus haute marche du podium était un champion du monde de Flat Track, un certain Lasse Kurvinen. Et on n’invente rien.
Avec 78 pilotes venus de 8 pays,
aussi bien la journée d’entraînements que celle des courses étaient une expérience formidable. Et franchement, quelle belle bande de gens ouverts, positifs, fêtards et toujours prêts à aider. Pénétrer cette bulle amicale n’est pas difficile en soi : il faut régler quelques détails techniques sur sa moto, puis aller bouffer de la poussière sur l’ovale. (Les détails ici : krowdrace.de)
Même lorsqu’on fait ses premiers pas dans ce domaine, le plaisir est au rendez-vous. Et un jour viendra où on se hisse à l’avant-dernière place en esquissant du bout des lèvres un “eat my dust” en direction du dernier.
La prochaine occasion de vous faire contaminer par le virus du Flat Track arrivera durant le Krowdrace, les 22 et 23 Juillet à Wolfslake.