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Wrecking Crew Diaries
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2004 Patagonia - Eat Dust
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Partie 6 - Flaque d’huile fatale et salto de graviers (Bajo Caracoles - Tres Lagos)

Partie 6 - Flaque d’huile fatale et salto de graviers (Bajo Caracoles - Tres Lagos)

La Ruta nous appelle. Nous prévoyons 230 kilomètres pour aujourd’hui. Nous n’en ferons que 50. En rétrogradant, la roue arrière de Tommy se bloque. Sous la boîte, une grosse flaque d’huile. “No look good, Hombre!” Comme par une intervention divine, un pick-up arrive sur les lieux de la panne. Deux grimpeurs allemands, que nous avions rencontrés à l’hôtel, remorquent le Pan cassé à nouveau vers Bajo Caracoles. Chez un spécialiste du pneu, nous constatons que le carter de boîte de vitesses est fendu de haut en bas, juste à travers l’alésage de l’arbre principal. Pas mal pour les photos d’action, mais un sacré handicap pour nous autres Patagonia Riders. Utilisant notre téléphone satellite, nous organisons l’envoi d’une boîte de rechange d’Allemagne vers El Calafate. Pour un gros paquet de dollars, nous arrivons également à faire transporter par camion Tommy et son Pan vers El Calafate.”

Les autres se lèvent tôt, préparent leurs motos et retournent affronter la Ruta 40. “La même saloperie qu’auparavant: on la maîtrise sur quelques mètres, puis on tombe sur des sections catastrophiques. Volker part devant pour prendre des photos. Mais pas de clichés cette fois. Il perd le contrôle dans de profonds graviers et s’étale par terre. Pas de gros dégâts cependant: clignotant gauche cassé et quelques bugnes dans le réservoir, non prévues au cahier des charges du fabricant. Après une clope et un bol d’air frais, Volker s’est suffisamment calmé les nerfs pour repartir.

Pour la nuit, nous nous dirigeons vers la Estancia Las Tunas. Elle est censée se trouver “juste au bord de la route”, mais nous la découvrons après 28 bornes de hors-piste.

Mais chaque mètre parcouru en vaut largement la peine. Une maison surplombant le Lago Cardiel, vert émeraude. Un silence de mort et une odeur omniprésente de tomillo patagonico (thym). Un vieux gaucho s’affaire sous un pick-up Chevy 1951 et répare la sacoche de Joe. Un vrai rêve. Et voici le dîner: champagne, soupe de potiron à la crème, steaks panés et aubergines finement cuisinées. Pour le dessert, on nous offre même le sorbet citron et le café. Nous nous enfonçons ensuite dans nos lits aux draps propres, comme les gars les plus heureux du monde.

Mais mêmes les rêves les plus doux ont une fin: notre copine la Ruta 40 nous appelle de nouveau. Les vieilles motos encaissent le choc. Seul l’écrou de direction de Joe se desserre et tombe, mais nous le retrouvons et le remettons en place. 140 kilomètres plus loin, nous arrivons à Tres Lagos, le terme espagnol pour “plein de cailloux jusqu’ici”. Encore 15 bornes et nous nous payons un bon repos à l’Estancia “La Margerita”. Le propriétaire Fabio est ravi de nous recevoir et nous sommes bluffés par sa collection de vieux engins qui rouillent dans son arrière-cour. Parmi d’autres choses, nous y découvrons un authentique REO Speedwagon, qui a amené ses ancêtres à la ferme en provenance de Buenos Aires, il y a 70 ans.